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Box Fish Prod. : du polar régional à la SF, en passant par l’adaptation de « Quartier lointain »

Box Fish Productions (Eve Pajot-Brémond), qui a intégré ANCA en septembre 2022, multiplie les développements de fiction, avec l’objectif de répondre au marché, avec des polars notamment mais aussi de tenter l’audace avec de la SF ou avec l’adaptation en série TV du manga « Quartier lointain ». La société, qu’a rejointe Perl Samama en tant que directrice littéraire, développe aussi des documentaires, dont une série sur le Vendée Globe.

La productrice Eve Pajot-Brémond, fondatrice de Box Fish Productions en 2018, devenue filiale d’ANCA quatre ans plus tard, a multiplié les développements de fictions TV ces derniers mois avec la volonté d’une part de « s’ancrer dans le marché » et, de l’autre, de s’assurer « un quota de projets audacieux », a-t-elle expliqué. Ces projets ont un point commun, leur « fond sociétal », lié à son prisme documentaire, genre dans lequel elle porte aussi des projets.

Dans ce travail de développement de fiction, elle est épaulée par Perl Samama (ex-Banijay, Quad), qui l’a rejointe en janvier comme directrice littéraire, ainsi que par sa nouvelle asso-ciation avec ANCA. A New Creative Alliance, fondée en 2021 par Christophe Thoral et Rose Brandford Griffith, a pris une participation majoritaire en septembre 2022.

Eve Pajot-Brémond vante l’écoute, la disponibilité et la lucidité de ses nouveaux actionnaires, respectivement anciens président de Lagardère Studios (aujourd’hui intégré à Mediawan) et dg déléguée des productions France de la même entreprise. « Ils posent un regard très froid sur le marché : quand je prends une décision, je la prends en toute clairvoyance » ANCA lui assure aussi une assise dans ses rapports avec les diffuseurs, chaînes et plateformes, et les ayants droit, d’autant que l’Alliance a l’allemand Beta Film pour actionnaire minoritaire.

Box Fish Productions, appelée ainsi du nom d’un « poisson carré » (le poisson-coffre en français), a dix développements en cours, huit en fiction et deux en documentaire. Pour commencer par le « quota de projets d’audacieux », la productrice a récemment pris les droits d’adaptation en série (en prises de vues réelles) du mange de Jirô Taniguchi Quartier Lointain. Ce succès d’édition l’« habite » depuis qu’on le lui a offert pour ses 35 ans, explique-t-elle, rappelant l’engouement des Français pour le mangaka : à sa mort en 2017, il avait vendu un million d’exemplaires de ses œuvres.

Eve Pajot-Bremond s’intéresse au « hors champ » de cette histoire sur un homme qui, de retour involontaire dans sa ville natale, va se réveiller dans sa peau d’adolescent de 14 ans quelques mois avant le départ soudain et inexpliqué de son père. Pour elle, elle traite de « la peur de la reproduction de dysfonctionnements familiaux » et de « l’injonction du devoir pour les hommes ».

Ce projet, qu’elle imagine transposer clans la France des années 1980-1990 avec un adolescent de 17 ans, est « un vrai challenge artistique ». Pour le mener à bien, Eve Pajot-Brémond « pense [s’]associer avec un producteur de cinéma ». Cela lui semble « pertinent » par rapport à la dimension cinématographique qu’elle vise, dans les « talents » comme dans la « vision ». Elle connaît « depuis longtemps » l’éventuel coproducteur, dont elle taira le nom.

Parallèlement, la société poursuit le développement d’Origine une série d’anticipation pensée sur trois saisons, créée par Olivier Wright et coécrite par Maya Haffar (En thérapie 2), rejointe par Mathilde Arnaud (Parallèles, Furies). Le projet, qui se déroule sur « une double temporalité non concordante », entre un futur lointain plutôt moyenâgeux et l’époque actuelle (autour des questionnements sur les déchets nucléaires), sera réalisé par l’Israélien Oded Ruskin (No Man’s Land, Les Gouttes de Dieu…). Origines sera arrivé « à maturité » en sep­tembre.

Le gros du line-up de développements de Box Fish vise toutefois à I’« ancrer dans le mar­ché », avec notamment des unitaires répondant à la demande des diffuseurs, et plus particu­lièrement de France Télévisions avec « l’étape incontournable » du polar régional.

Elle planche ainsi sur La Liste d’Arras, « polar régional de Noël » coécrit par Céline Decoox et Adeline Laffitte (Tropiques criminelles, Camping Paradis). Le pitch : la seule piste pour ré­soudre des meurtres commis dans la ville renvoie à la Vauderie d’Arras, procès en sorcellerie qui a eu lieu en 1460. Ce contexte d’inquisition porte une sorte de « parallélisme » avec l’époque actuelle, entre « fake news et réseaux sociaux », considère Eve Palot-Brémond. Le « bock story » abordera aussi la question du harcèlement.

Autre polar, un unitaire ayant un potentiel de « collection » développé par Alexis Miansarow (Capitaine Marleau), En Roses et Noîrva retracer l’enquête menée par une com­missaire écartée de ses fonctions pour innocenter son frère, un jardinier paysagiste accusé de meurtre. Elle va arriver à ses fins «à travers les plantes », raconte la productrice.

Elle développe aussi un unitaire sociétal, Muriel, écrit par Hélène Hassoun (Leo Plattei; bri­gade des mineurs), sur une femme qui va se battre pour avoir la garde de sa petite-fille et se réconcilier avec son passé grâce à une « vélo-école », ainsi qu’une minisérie « que beaucoup de producteurs voulaient » : Salomon créé par Vinciane Mokry (Le Remplaçant, Orb).

Ce projet raconte l’histoire d’un couple heureux, jusqu’à ce qu’après une mauvaise chute, la femme, enceinte de huit mois, décède alors que l’enfant peut être sauvé. Le père, lorsqu’il va le déclarer, découvre qu’un homme l’a déjà fait, persuadé que c’est son enfant. Le projet, si­gné « il y a quinze jours », est un « coup de cœur » qui permet d’aborder la paternité et le « droit à être père », indique Eve Pajot-Bremond.

Parallèlement, la productrice développe deux documentaires. Avec Myriam Weil de Federation Studios et Alexandre Souiller de Bonne Pioche, elle porte le projet de série Vendée Globe Solitaires de l’extrême, écrit par Thomas Sametin, réalisateur qui connaît bien ce milieu. Elle connaît aussi le sujet par son histoire familiale, en tant que fille du naviga­teur Marc Palot.

Prévu sur un « format plateforme » de 8 x 313′, il s’inscrit dans la perspective du départ de la course en novembre 2024. Les accès ont déjà été « sécurisés, au niveau des organisateurs et des skippers », qui auront une caméra embarquée à bord de leur voilier, selon un « dispo­sitif en %D », explique Eve Pajot-Brémond. Mais la minisérie se déroulera autant en mer qu’à terre : « On veut aussi raconter les familles, les équipes techniques, les organisateurs de la course. »

Enfin, Eve Pajot-Bremond poursuit le développement d’un documentaire sur l’équipe de France féminine de handball, Dans le miroir des championnes d’Anne-Cécile Genre.

29 juin 2023