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Une deuxième société rejoint le groupe Anca

Rencontre exclusive avec Rose Brandford Griffith et Christophe Thoral, les cofondateurs d’Anca, et Alexandre Dahan, fondateur de Stupefy, dont la société vient de rejoindre le groupe de production. Anca vise un modèle alternatif aux grands du secteur, qui laisse toute leur indépendance aux producteurs.

La famille Anca s’aggrandit. Quelques semaines après l’alliance avec Perpetual Soup, le groupe de production audiovisuelle créé fin 2021 par Rose Brandford Griffith et Christophe Thoral annonce une prise de participation majoritaire dans Stupefy, la société fondée par Alexandre Dahan en 2018. “On a rencontré Alexandre il y a pas mal de temps”, raconte Rose Brandford Griffith. “Cela nous a intéressé d’aller vers des nouvelles idées, une nouvelle génération de producteurs qui casse les codes et connaît les nouveaux talents. On croit énormément dans ses projets.” Pour nouer ses partenariats, Anca aime travailler à partir de la liste de projets d’une société.

Stupefy a déjà produit des courts métrages, dont Je suis ton père de Justine Le Pottier, sélectionné au Festival de l’Alpe d’Huez et primé au Festival de Meudon, et développe plusieurs projets de films et séries, à la fois en fiction et en documentaire. En rejoignant Anca, Alexandre Dahan entend “entrer dans une dimension différente”. Cette alliance apporte “une capacité d’investissement supplémentaire, la possibilité de faire des choses avec des talents plus chers ou plus demandés, et d’aller plus vite dans la prise de décision”, par exemple pour acquérir des droits d’adaptation.

Pas de limite dans les formats

La société développe notamment un film à destination des plateformes écrit par Pierre Delorme et Loïc Gaillard et réalisé par Slimane-Baptiste Berhoun. Intitulé Inqualifiable, il s’agit d’un long métrage entre action, comédie et football. Stupefy développe également, en coproduction avec Elephant International, une série adaptée de la trilogie littéraire de Daniel Bourdon, Brigitte, l’histoire d’une contre-enquête, dans laquelle l’auteur, policier à la retraite, élucide la fameuse affaire de Bruay-en-Artois. Julien Guérif est chargé de l’écriture. La société a également pour projet de suivre Daniel Bourdon dans un documentaire où il tentera d’élucider une autre affaire, celle des tueurs du Brabant.

Comme avec les autres sociétés, Anca pourra accompagner Stupefy sur ses projets en apportant conseils et commentaires, mais ne fera peser aucun contrôle éditorial. “Le pari d’Anca c’est que les gens qui rejoignent le projet se gèrent tout seul et restent indépendants”, complète Alexandre Dahan, par ailleurs co-président de la Fédération des jeunes producteurs indépendants. “L’intérêt n’est pas de changer notre ligne éditoriale, qui va d’ailleurs dans plusieurs sens. Ma génération ne se met pas vraiment de limite dans les formats.” Cet ancien de Studio Bagel entend aussi bien développer des projets avec les contraintes économiques auxquelles il est habitué que des “grosses fictions à destination des chaînes et plateformes”.

L’objectif d’Anca, qui est notamment soutenu par Beta Films, est donc de construire un groupe de production audiovisuelle qui “offre quelque chose de différent sur le marché, entre les gros groupes consolidateurs et les sociétés indépendantes”, résume Christophe Thoral. “L’idée est de proposer à ces indépendants de créer des sociétés ou de s’adosser à nous pour bénéficier d’investissements et d’un accompagnement. Nous sommes un accélérateur.” Anca souhaite rassembler une dizaine de sociétés d’ici deux ans. Toutefois, le groupe “n’a pas de plan de marche inscrit dans le dur”, tempère Christophe Thoral. “Ce qui nous intéresse, c’est de faire les bonnes associations. Cela peut arriver demain comme dans quatre mois.”

“On est là pour le long terme”

Pour les deux cofondateurs, anciens de Lagardère Studios, le modèle des grands groupes a certes ses mérites, mais “il y a une limite à la taille que peut atteindre une société”, affirme Christophe Thoral. “Nous l’avons vécu. Arrivé à une certaine taille, on se trouve à faire des arbitrages compliqués, il y a des frustrations qui apparaissent. Notre rôle est donc d’accueillir des personnalités qui ne sont pas attirées par les grands groupes ou ne se sentent plus à l’aise à l’intérieur.” Et Rose Brandford Griffith d’ajouter : “Nous voulons nous adapter à chaque producteur pour qu’il ne se sente pas noyé dans la masse.”

Si la fiction est la colonne vertébrale du projet, Anca ne se limite pour autant pas à un seul profil de société. “L’avantage c’est qu’on est très flexible”, poursuit Rose Brandford Griffith. “On discute aussi bien avec des sociétés qui viennent du cinéma et qui ont besoin des clés pour entrer dans l’audiovisuel, qu’avec des sociétés plutôt jeunes qui veulent accélérer dans la fiction, voire des personnes qui viennent du documentaire et veulent faire de la fiction. On va aussi annoncer, pas tout de suite, la cocréation de sociétés.”

Les deux associés Les deux associés visent en priorité les prises de participation majoritaires. “On est là pour le long terme”, prévient Christophe Thoral. “C’est pourquoi nous ne sommes pas dans une philosophie de participation minoritaire, sauf quand la situation le justifie. Notre objectif n’est pas de revendre ensuite.”

20 avril 2022 – Damien Choppin